Les premiers pas du libre-service

Publié le par Frédéric Carluer-Lossouarn

 Faut-il adopter le mode de vie des Américains ? 

 

Goulet-Turpin inaugure le premier magasin d’alimentation en libre-service le 6 juillet 1948, rue André Messager à Paris (XVIIIe), dans le quartier de Montmartre. C’est un OVNI commercial. La France se relève péniblement de la guerre. Le pays est encore sous le régime du rationnement (il n’est levé qu’en 1949). Les plus grands journaux de l’époque ont envoyé un reporter rue André Messager : Le Monde, Libération, L’Aurore, Combat, Le Parisien libéré, Le Progrès de Lyon, etc.
Les badauds sont intrigués par les affiches placardées sur les vitres : « Le premier magasin de Paris où l’on se sert soi-même. » Les photos de l’époque montrent la première cliente se saisir de son premier article, tout intimidée par la présence de dizaines de journalistes, de cadres de Goulet-Turpin et de représentants de la profession.
« Dès qu’un client se présente, on lui remet un petit panier métallique ; il le remplit lui-même, à sa guise, en se servant sur les étagères. Tous les produits sont là, à portée de sa main, le prix bien en vue », relate Le Monde.

Dans le contexte tendu de la guerre froide, l’apparition des premiers libres-services dépasse le seul domaine commercial. Le débat est vite politisé. La question n’est plus : « faut-il généraliser le libre-service ? » mais « faut-il oui ou non adopter le mode de vie des Américains ? » On dénonce aussi la volonté des grandes chaînes de forcer la main des consommateurs en les poussant à acheter plus de produits qu’ils n’en ont besoin.

(Source : Frédéric Carluer-Lossouarn, L'Aventure des premiers supermarchés, Linéaires, 2007)

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